Retrouver l’enfui, la trace de ce qui s’est enfui et qui est enfouie au plus profond de notre oubli. La source tarie veut dire qu’il n’y a plus d’âmes, plus d’écriture de la parole, plus de souffle qui vienne faire signe. Quand à chaque génération, toute mémoire peut se perdre, le mythe est cette mémoire, venue de rien, une histoire de souffles, de sons dont la figure est l’espace.
La "vihuela" disparut mais son art se réfugia dans la guitare baroque.
L'ombre noire d'une guitare se découpe sur les vitraux des grandes cathédrales. Un homme entouré de mystère entraîne le public vers une musique inattendue, pure, spirituelle.
Le phénomène Javier Echecopar Mongilardi vient de naître.
Personne pourtant ne connaît le visage de cet homme secret qui aime retrouver ses amis dans un bar et parler de musique, de femmes, d’instruments anciens, qui s’intéresse à l’astronomie, à la poésie, à l’archéologie des sons des musiques traditionnelles.
Il entreprend également de nombreuses recherches dans des cathédrales, des couvents, et des musées nationaux et étrangers.
Ce travail l’incite à parcourir une grande partie de son pays pour rechercher et répertorier la musique et la technique d’exécution de la musique traditionnelle.
Pourtant si les interprétations de Javier s’inscrivent dans la liberté des formes et la profusion des ornementations du baroque, il sait se saisir de cette liberté pour inventer sa propre lecture, intime , personnelle qu’il sait marier avec la virtuosité , l’artifice, les contrastes, le faste jusqu’à la démesure : c’est de cette alliance que naît l’émotion. Alors la frivolité s’efface et c’est le paradoxe même de l’interprétation , la grande liberté d’improvisation et d’ornementation trace ce qui semblait perdu au cours des siècles, les phrasés, les mouvements , les rythmes, l’énigme des partitions perdues. L’interprétation dynamique des airs ressuscite avec bonheur la vitalité et l’éloquence du paysage bigarré du Pérou. Le génie de l’artiste nous entraîne dans la pureté des origines : Cusco, le nombril du monde devient vérité musicale.
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Il vient d’un pays prodigieux, de paysages plus beaux que la vie, mais de ce pays, dont il parle peu, de ces paysages que j’ai vus seulement en songe, sa musique les évoque :ses pas semblables aux pas des indiens quechuas, et son coeur est là , maître d'un corps exilé et étranger. Il reconnaît cette vérité, vit les contraires sans les accepter, ressent toutes les émotions et les défis de cette démesure avec l’intelligence de celui qui atteint le sommet, libre et seul comme on l’est sur tous les sommets, uni au ciel et en même temps séparé comme on l’est sur tous les sommets.
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Pour Javier Echecopar, Amour et Musique, sont intimement liés à la Vie. Il aime comme l'Amour aime. Il ne connaît aucune autre raison pour aimer : que dire de plus ? Il célèbre la nature, la liberté, la connaissance comme des valeurs sacrées. Cet homme simple accueille chaleureusement, car il aime la rencontre et le partage.
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Compositeur contemporain, guitariste et concertiste impressionnant, Javier Echecopar Mongilardi s'inscrit parmi les grands musiciens. Cependant, sa musique échappe à l'univers connu : elle nous conduit à la reconnaissance la joie de vivre et de la nostalgie, elle nous imprègne de volupté inquiète, faite de l’alliance de notre souffle avec celui des esprits des Andes.
Tant il est vrai que Javier veut faire résonner l'intime de l'humain avec la part restée secrète de l’histoire et faire vibrer dans l'infini du ciel, la voix sacrifiée des ancêtres.
Nicole Barrière, Paris le 17/01/2005
Source: Editions L'Harmattan website